Une histoire vraie…(un peu) romancée.

Vendredi 24 mai 2024. Église Saint-Martin à Peyrehorade.

Début de soirée. Pour Elgarrekin c’est la reprise. Premier concert de la saison, avec une certaine appréhension. Nessun Dorma chanté en concert pour la première fois.

Quarante personnes à peine dans cette vaste église. C’est peu. Faut-il y voir un signe? Ali Baba et les quarante voleurs? Qui se cache derrière cette belle barbe noire dans l’assistance…?

Non, ce n’est qu’Arnaud, le fils aîné de Céline. Il a composé quelques adaptations présentées ce soir en concert. Angoisse. Il va porter sur l’interprétation d’Elgarrekin son regard (son oreille plutôt) de musicien qu’il est. Cela rajoute un peu de pression.

Première partie. La soirée est bien engagée. Le (faible) public semble conquis.  Après une courte pause le concert reprend. Le choeur  attaque Hegoak.

Hegoak, ce chant merveilleux entré dans le patrimoine choral basque depuis la découverte d’un poème écrit à même la nappe en papier d’une table de restaurant, puis mis en musique par Mikel Laboa. Une histoire d’oiseau à qui il ne faut pas couper les ailes…

Les premières notes montent doucement dans la nuit. Ou, ou ou ou… Et brusquement Daniel s’effondre. Il est à terre, le visage pâle. Que se passe-t-il ? Le concert est arrêté. Stupéfaction. Quel maléfice a pu frapper Daniel? Il a trop d’amis pour avoir des ennemis. Qu’a bien pu faire, ou ne pas faire, Daniel pour mériter ce châtiment ? A-t-il été brusquement attendri par cet oiseau à qui on veut  couper les ailes, lui le grand chasseur de sanglier ? A-t-il craint de ne pas avoir bien classé les partitions jusqu’à la fin du programme ? Pense-t-il déjà à l’Irrintzina de fin de concert et le risque de ne pas trouver la note ? Et malchance, le médecin du choeur, Patrick Alary, est absent ce soir. Mais les voisins de pupitre s’affairent et Daniel retrouve des couleurs. Un peu d’eau sur le visage. Manque de sucre affirment les spécialistes. Le concert reprend. Daniel se repose dans la sacristie. Il n’y aura pas d’irrintzina ce soir. Mais un beau Haurak repris par les quarante personnes présentes, ayant déjà oublié, comme au théâtre, le châtiment du héros d’un soir, Daniel, tout sourire sur le parvis de l’église à la fin du concert.

La nouvelle saison a commencé.